Voitures voilées
" Pourquoi bâcher sa voiture ? Serait-ce une forme d’intimité que l’on voudrait soustraire à l’espace public dans lequel elle est exposée ?
Depuis des années, au gré de mes voyages, je m’arrête quelques instants pour photographier ces voitures habillées de mystère.
Voiler, bâcher, c’est abriter, protéger, c’est aussi cacher et rester maître de l’objet tout en laissant apparaître quelques indices. A Lisbonne, quelqu’un a dessiné sur la bâche un volant et le contour d’un pare-brise. A Tanger, on habille les rétroviseurs de la camionnette comme les oreilles de Mickey en hiver. A Tokyo, une voiture sommeille au milieu des plantes en pots.
A Paris, dans un parking, une bâche couleur beige, légère comme une robe de couturier, souligne une forme superbe. Au ras du sol, on devine une rondeur chromée, brillante comme le bijou d’une femme qui se dissimule pour mieux faire rêver. » Daniel Aron
Tanger, Intérieurs simples, 1997 - 2002
«Ces promenades, ces rencontres, ces confidences où se mêlent les larmes et les rires de l’espoir m’ont donné les clés d’un
“autre” Tanger, celui des Intérieurs Simples où la beauté naît des contraintes et ne doit rien à personne sauf à un goût inné. »
Dans la lignée de Walker Evans et de la photographie vernaculaire, Daniel Aron nous montre sa vision toute personnelle de Tanger, au Maroc. Le photographe immortalise les objets du quotidien, les détails insignifiants qui viennent combler ces intérieurs qu’il qualifie de « simples » : ici un miroir, là une casserole, plus loin des sandales ou quelques bibelots apposés sur une étagère laissent entrevoir les marques d’un mode de vie temporaire.
De Jésus-Christ, à Bob Marley en passant par Le Roi Mohammed V : autant d’icônes viennent magnifier et suspendre ces instants ordinaires. Sous le regard objectif du photographe, la beauté surgit dans l’ordinaire du décor, la lumière dans la simplicité de la disposition, telle cette famille rassemblée sur un sofa, éclairée par la flamme d’une bonbonne de gaz... L’intériorité spirituelle surgit alors des éléments matériels des habitants.
Illusion
« Illusion » tel est le nom de ce voyage à travers le monde qu’a mené le photographe pendant deux ans pour nous rapporter des images de paysages, littéralement cinématographiques, puisqu’il s’agit là des décors qui ont servi à la réalisation de films pour certains mythiques – (Casanova de Federico Fellini, Ben Hur…)
Ici le « Vrai et le faux » ne font qu’un. L’artifice est à l’honneur.