Fiction(s) du réel : une immersion au coeur de la photographie de mise en scène

  • Exposition
    "Fiction(s) du réel : une immersion au coeur de la photographie de mise en scène"
    du samedi 28 juin 2025 au samedi 13 septembre 2025
    14, rue des Jardins Saint-Paul, 75004 Paris

    La photographie de mise en scène ou staged photography s’inscrit à la croisée de l’image construite et du récit visuel. Loin du témoignage ou du documentaire, elle propose un univers fictionnel, élaboré et théâtral, où chaque élément participe à la narration. 

    Paolo Ventura, Anja Niemi, Scarlett Hooft Graafland, Clark & Pougnaud, Tingting, Ziqian Liu ou encore Patty Carroll repensent le rôle de l’artiste comme un médiateur entre le visible et l’invisible, le réel et l’imaginaire. 

    Paolo Ventura (Italie, 1968) construit des mondes miniatures, où la mélancolie du passé rencontre la magie du théâtre. Ses photographies évoquent des souvenirs flous, une mémoire réinventée. Son travail est profondément narratif, influencé par l’illustration, le cinéma, et la littérature où l’artifice devient source d’émotion.

    Anja Niemi (Norvège, 1976) quant à elle, incarne ses propres personnages. Elle joue avec le double, la performance et le déguisement. À travers une esthétique contrôlée, elle met en scène une quête d’identité, questionne la féminité et les rôles imposés. Elle transforme l’appareil photo en miroir psychologique, explorant la fiction comme un moyen d’introspection.

    Scarlett Hooft Graafland (Pays-Bas, 1973) travaille à la frontière entre installation, performance et photographie. Ses images, réalisées dans des lieux extrêmes (déserts, paysages arctiques, hauts plateaux andins), sont à la fois éphémères et soigneusement composées. Les objets qu’elle insère dans le paysage perturbent l’ordre naturel et interrogent notre rapport à la culture et à l’environnement, tout en conservant une dimension poétique et absurde.

    Clark et Pougnaud (France, 1963/1962) conjuguent photographie et peinture numérique. Leurs mises en scène rappellent l’univers du théâtre ou du cinéma, avec des personnages figés dans des décors graphiques et colorés. Le réalisme est volontairement faussé, donnant aux scènes une atmosphère étrange, presque surréelle. Inspirés par les mouvements artistiques tels que le symbolisme ou le surréalisme, ils créent des tableaux photographiques où l’intime croise le fantastique.

    Patty Carroll (USA, 1946) explore la disparition de l’individu derrière les conventions domestiques. Dans sa série Anonymous Women, elle dissimule des femmes sous des tissus, des objets ou des décors, questionnant avec humour et critique les injonctions faites aux femmes dans l’espace privé. Sa photographie saturée, ludique, sous cette apparence kitsch, révèle une profonde réflexion sociétale.

    Ziqian Liu (Chine, 1990) met en scène son propre corps dans des compositions épurées où miroirs, fleurs et gestes minimalistes dialoguent avec la lumière. Son visage se cache, se fragmente, se réfléchit : l’identité devient forme, suggestion, silence. À la croisée de l’autoportrait et de la nature morte, sa photographie explore l’intime avec grâce, équilibre et retenue.

    Tingting Wang (Chine, 1986) crée des images soigneusement mises en scène, mêlant symbolisme, mémoire personnelle et références culturelles chinoises. Son univers visuel, riche en couleurs et en textures, interroge l’identité féminine, le corps et la tradition. Chaque photographie devient un tableau narratif, entre rêve et introspection, où l’esthétique raffinée masque souvent une tension plus profonde.

    Ces artistes, chacun à leur manière, mettent en scène l’image comme un espace de fiction, un lieu de réflexion sur l’identité, la mémoire, le rôle social ou l’imaginaire collectif. Ils nous rappellent que la photographie, loin d’être seulement un témoin du réel, peut être un outil de création totale, une scène où se joue ce que nous ne pouvons dire autrement.

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